 
															Sur le sentier de Saint-Jacques de Compostelle
Femmes en marche
Ce vingt-huit mars deux mille vingt-et-un
Sur le sentier de Saint-Jacques de Compostelle
Sacs sur le dos
Bâtons à la main
Chaussures de randonnée aux pieds
Avec Joanne et Pauline
Nous marchons dans la lumière dorée du printemps
le bleu du ciel éclatant
Pacifique
Nous baignons dans tous les verts de la nature
Vert chartreuse Vert pomme Vert prairie
La forêt rayonne de promesses
les oiseaux chantent avec nous
La vie est belle, oh que la vie est belle !
Tout à coup nous sommes prises d’un fou rire
A en éclater le bleu du ciel
A n’en plus pouvoir s’arrêter
nous rions à gorge déployée
à s’en tordre le bide
à en être déroutées
Heureuses bienheureuses déroutées
vagues déferlantes
nous nous roulons par terre
nos fous rires
rouge coquelicot
pourpre magnolia
jaune narcisse
violet primevère
rose fuchsia
Rarement j’ai été aussi heureuse
qu’à cet instant-là de ma vie
avec Joanne et Pauline
on se bidonne à terre
à s’en étouffer
à en chialer
femmes atterrées femmes debout
D’où nous venons
ce que nous avons traversé
les épreuves douloureuses de la vie
nous le savons
chienne de vie !
copines de toujours
sœurs de rires et de larmes
connaissons par cœur et par cœur
femmes atterrées femmes debout
femmes solidaires
notre fou rire si léger
son poids
nous le savons
femmes blessées brisées
femmes solidaires
Notre fou rire
Parfum de notre résilience
Parfum de notre liberté
Rarement j’ai été aussi heureuse
Qu’à cet instant-là de ma vie
Toutes les trois
Nous rions à n’en plus pouvoir s’arrêter
la rivière ruisselle de joies, et d’allégresses
La forêt rayonne de promesses et de fêtes
Vagues déferlantes blanches clochettes
Nous rions
Comme des baleines
Comme des reines
De vraies gamines
Grâce à elles
Grâce à Joanne et Pauline
Je retrouve mon âme d’enfant
Mon innocence
Celle-là
personne
jamais
ne me la volera.